La soif d'eau du Maroc étanchée par les vents du Sahara Occidental
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L'eau qui coule des robinets marocains est bientôt alimentée par l'énergie volée au Sahara Occidental occupé.

18 septembre 2025

L'énergie produite dans le désert du Sahara Occidental occupé alimente bientôt en eau le Maroc, puissance occupante.

La crise de l'eau au Maroc s'est aggravée ces dernières années, alimentée par six années consécutives de sécheresse. Les sources d'eau traditionnelles s'assèchent, tandis que les projections climatiques annoncent une augmentation du stress hydrique et une baisse des précipitations.

En réponse, le gouvernement s'est tourné vers le dessalement, le développant rapidement pour garantir la sécurité hydrique des villes, de l'agriculture et de l'industrie. Le Maroc exploite actuellement 17 usines de dessalement, quatre autres sont en construction et il prévoit la construction de neuf installations supplémentaires d'ici 2030, qui devraient produire 1,7 milliard de m³ par an.

Pourtant, tout comme pour ses efforts en faveur des énergies renouvelables, le Maroc puise de plus en plus dans les ressources du Sahara Occidental occupé pour alimenter ces projets. Cette situation est extrêmement problématique : l'occupation du Sahara Occidental par le Maroc est illégale au regard du droit international. Avec son programme de dessalement, basé sur des projets de production d'énergie situés dans le territoire occupé, le Maroc accroît sa dépendance à l'annexion du territoire.

Ces derniers mois, deux grandes usines de dessalement au Maroc ont été directement reliées à des parcs éoliens situés de l'autre côté de la frontière, dans le territoire occupé.

  • Usine de dessalement de Casablanca - Alimentée par le parc éolien de Bir Anzarane

Le projet de dessalement de Casablanca-Settat, qui devrait devenir le plus grand du genre au monde, devrait produire 300 millions de m³ par an, alimentant en eau potable 7,5 millions de personnes et irriguant 5 000 hectares. La pleine exploitation de l'usine est prévue d'ici 2028.

Ce mégaprojet est développé par un consortium composé de l'entreprise espagnole ACCIONA (50 %) et de deux entreprises marocaines liées au Premier ministre Aziz Akhannouch : Green of Africa (45 %) et AfriquiaGaz (5 %).

Le projet représente un investissement de 613 millions d'euros, dont environ 340 millions d'euros pour l'Espagne (y compris l'agence espagnole de crédit à l'exportation).

La centrale sera alimentée par le parc éolien d'Anzarane, d'une capacité de 360 ​​MW, situé au Sahara Occidental occupé. Le projet est contrôlé par Green of Africa Dakhla, dont Vinci (30 %) est copropriétaire. Près de la moitié (47 %) de la production du parc éolien sera consacrée à l'alimentation en eau de Casablanca, un dispositif qui permet d'exporter l'énergie des terres occupées vers la capitale économique du Maroc.

  • Extension de la station de dessalement d'Agadir — Alimentée par le parc éolien d'El Aaiún

Dans la région d'Agadir, les autorités marocaines prévoient d'étendre la capacité de l'usine de dessalement existante de 275 000 m³/jour à 400 000 m³/jour d'ici 2026, la moitié de cette capacité étant destinée aux besoins agricoles.

Cette modernisation majeure est réalisée dans le cadre d'un partenariat public-privé mené par Cox, une entreprise espagnole de gestion de l'eau et de l'énergie, en collaboration avec l'ONEE marocain et le ministère de l'Agriculture. Cox augmentera la capacité de la station de 125 000 m³/jour, doublant ainsi son impact : alimenter en eau potable 2 millions de personnes et irriguer 13 600 hectares.

L'agrandissement représente un investissement de 250 millions d'euros entre 2025 et 2027. Conformément à sa stratégie « L'énergie suit l'eau », Cox construira un parc éolien de 150 MW pour alimenter l'installation agrandie. Point crucial : ce parc éolien sera situé à El Aaiún, au Sahara Occidental occupé, et développé en coentreprise avec AMEA Power, basée aux Émirats arabes unis. AMEA apporte la composante énergies renouvelables et rejoint Cox dans cette deuxième phase dans le cadre de leur partenariat Water Alliance Ventures.

L'usine de dessalement agrandie devrait être opérationnelle d'ici fin 2026, et le parc éolien devrait être opérationnel en 2027.

Ces projets sont du registre que les Sahraouis qualifient de colonialisme vert : leurs terres et leurs ressources sont exploitées pour répondre aux besoins du Maroc, tandis qu'ils restent exclus des processus décisionnels et des bénéfices.

« Alimenter l'infrastructure phare du Maroc en matière de sécurité hydrique avec de l'énergie produite sur des terres occupées, sans le consentement des Sahraouis, soulève des questions juridiques et éthiques. Cela consolide l'exploitation du territoire occupé sous couvert d'infrastructures vertes, légitimant de fait la présence intenable du Maroc au Sahara Occidental, tout en renforçant sa dépendance à l'occupation », déclare Sara Eyckmans de Western Sahara Resource Watch.

WSRW a écrit à ACCIONA au sujet d'un projet similaire le 14 avril 2025, à Bank of Africa le 4 septembre 2025, à Vinci le 14 févirer 2025, à AMEA Power le 5 septembre 2025 et à Cox le 5 septembre 2025

Aucune de ces entreprises n'a répondu à ce jour.

 

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